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Réhabilitation des sites construits

Urbanisme
Flavia Cozac
Lorsqu'un site construit perd sa fonction, il est confronté à l’avènement d’une existence renouvelée : la préservation intégrale, si on lui reconnaît une valeur patrimoniale exceptionnelle, ou la démolition. Entre ces deux possibilités, plusieurs sites sont redirigés vers une troisième voie : la transformation. S’il est impossible de justifier la préservation intégrale de tous les sites construits d’un quelconque intérêt, que ce soit en raison de leur taille, de leur emplacement convoité, ou des coûts reliés à leur conservation, ceux-ci peuvent toutefois détenir certaines valeurs dignes de préservation. Par contre, décider de ne pas démolir un site, pour préserver sa valeur en le transformant pour accommoder un nouvel usage, peut engendrer une situation paradoxale, puisque le changement risque d’altérer cette valeur. Il semble donc exister des bonnes et des moins bonnes façons d’intervenir, puisque certaines interventions ne permettent pas de préserver les éléments qui véhiculent les valeurs associées aux sites. Alors, au-delà de transformer, il faut réhabiliter, soit l’acte ou le processus permettant de rendre possible une utilisation compatible d’un bien immobilier par le biais de réparations, de modifications et d’ajouts, tout en préservant les portions ou les éléments qui véhiculent ses valeurs historiques, culturelles ou architecturales (U.S. Secretary of the Interior). Un site construit est produit par des composantes (forme, fonction, contexte). Néanmoins, la conservation de certaines de ses composantes suffit-elle pour préserver les valeurs associées au site?

Lors d’une transformation, l’intervention se fait sur les composantes (forme, fonction et contexte) en privilégiant généralement la préservation de la forme (exemples ci-haut). Toutefois, l’intervention sur l'une composante affecte les deux autres en raison de leur interdépendance. Leurs combinaisons se révèlent par les propriétés dont elles dotent les sites (image, rôle et organisation). Une réhabilitation est réussie lorsque la nouvelle fonction du site respecte l’organisation et le rôle pour qu’il puisse perdurer dans le temps.

Un exemple de réhabilitation guidée par le contexte est la salle de concert Bourgie, aménagée dans l’ancienne église Erskine and American. Ayant besoin d’espace afin d’exposer ses oeuvres, le MBAM convoitait cette église déjà entourée par les pavillons du musée. Étant conçue selon un plan Akron, une organisation suivant la configuration d’un auditorium, la fonction de salle de concert est apparue la plus appropriée à la requalification de l’église. Les salles d’exposition ont pu être aménagées sur les lieux de l’annexe située à l’arrière. Cette nouvelle implantation située derrière l’église a permis de préserver la forme et l’image à partir de la rue Sherbrooke, mais surtout à partir de la rue Crescent où le bâtiment vient fermer la perspective. Le changement de vocation du bâtiment a permis de garder une continuité en tant que partie intégrante du pôle institutionnel de la rue Sherbrooke. / Salle Bourgie - source de l'image Go Multimédia

/ Plan Akron - source de l'image P. E. Nobbs

/ Vue de la rue Crescent